La suite de notre week-end aux 33ème Rencontres TransMusicales c’est ici. Je ne sais pas si c’est l’abus de coupettes, de galettes saucisses, la fatigue ou la hauteur de la barre placée par la soirée de la veille mais la cérémonie de clôture m’a parue être un moins bon cru. J’exagère. Dans le lot des festivités de ce soir, nous n’avons tout de même pas pu passer à côté de grands moments de bombance musicale…

Comme la veille, notre entrée en matière a été plutôt chaleureuse (non, je ne parle pas de Zomby qui a fait un set aussi génial que glacial mais comme il est pas sympa on n’en parlera pas, cheh!). Dissipée la nausée, dissipées les courbatures avec l’entrée en scène del Señor Camilo Lara a.k.a le MC-Mariachi de la banda Mexican Institute Of Sound qui a embrasé le Hall 4 du Parc Expo par cette nuit à la pluie aigre. Une mise en bouche délectable et énergisante où la tradition fait corps avec les beats les plus modernes à travers des mashup alliant cumbia, hip hop, dancehall, vihuela, chants traditionnels. Comme un appel à la fête, le Hall se remplit à une vitesse vertigineuse, tous nos camarades sont en osmose et se regardent en se disant qu’ils ont bien fait de venir. On ne le savait pas encore mais Mexican Institute Of Sound allait donner le ton à notre soirée. On était trempés.

Shabazz Palaces se produit quasiment dans la foulée et moi je suis très excitée à l’idée d’assister à la perf du groupe de rap de l’année. Il aura fallu s’armer de patience pour apprécier à sa juste valeur la teneur en singularité du set (oui parce que celle du groupe on la connaît). Un live qui a vraiment eu du mal à imposer sa couleur, à tenir un public dont l’attention s’est évaporée rapidement pour laisser place à l’ennui. Il fallait s’accrocher et je ne suis pas mécontente de m’ y être tenu car après un échauffement un peu long (30 minutes), le rythme s’est imposé comme une évidence pour délivrer ce qui n’arrive que trop rarement sur la scène hip hop: une prestation aussi avant-gardiste que rétrospective, au carrefour du free jazz et de l’électro, qui ne laisse présager aucun espoir. Shabazz Palaces sont les tristes prophètes d’une époque où la musique est peut être le seul remède.

Autre salle, autre ambiance et, je le crie haut et fort, Janice Graham Band est la seconde révélation de cette édition. Pourtant ici aussi il est question de révoltes et de coups de gueules mais à la sauce plus cuivrée, ce qui entraîne forcément une toute autre forme de vitalité. En dignes héritiers des Clash, des Smiths, des Ramones ou encore des Specials, les jeunes gars en pleine force de l’âge ont exprimé leur vision du riot devant un public on ne peut plus réceptif. Le coffre déroutant du petit gabarit de Joe Jones (bah avec un nom pareil!) appelle à l’exaltation des sens, au métissage, au rassemblement sous forme de northern soul fougueuse et festive. Je reste encore complètement baba devant la force de maturité de ces jeunes adultes qui ont su exploiter tout le potentiel de l’expression musicale avec pourtant si peu de titres et d’expérience. Si l’on voulait entendre ce que la jeunesse avait à nous dire ce soir, il ne fallait pas compter sur les babillages pseudo crado-mignons des Carbon Airways mais s’armer de courage pour affronter le tsunami Janice Graham Band. Vivement l’album.

Une autre claque, de déception cette fois, celle de la prestation du clinquant Spank Rock. Everything Is Boring vous dîtes?

La Green Room est sûrement le meilleur endroit pour essuyer ses déceptions: elle est tout près du bar, toujours ambiancée et si par bonheur on tombe sur le set qui déboîte, on a tout gagné. Gagné donc puisqu’à mon entrée dans la boîte verte, je ne peux faire autrement que de m’abandonner aux élucubrations de Cardopusher, Dj signé sur le label Hyperdub, venu tout droit de Caracas. Sa spécialité à lui c’est de faire des sets complètement illogiques mais tellement efficaces. Du breakcore à la pelle, punk, disco, nu-soul, merengue et dubstep polaire: voilà ce qui résume les mash-ups de ce Vénézuélien frappé à la chevelure de lion. Les gens sont fous. Et contents.

Dernier live ( mais pas le moindre)  de ma liste, celui de Wolf People, ces anglais aux très bons goûts qui ont su se laisser pénétrer par les meilleurs représentants folk,  brit pop et rock psyché de toute l’histoire de la musique sans pour autant rester coller comme des ados attardés en mal d’inspiration. Si l’on pense très vite aux génies de Love ou de Can dès les premières compositions, c’est en terme d’héritage, de source dans laquelle ils sont allés puiser toute leur créativité et leur amour pour la musique. Par un processus génial de distillation, ils ont pu extraire ce qui aujourd’hui donne des morceaux dont la texture est brute mais léchée, familière mais intemporelle…

Pour l’heure, on se la refait en musique:La Playlist du Medi

GROS BISOUS et à l’année prochaine.

Pour aller plus loin: