8ème album, 8 tracks, 8 écoutes appliquées plus tard et rien ne se passe… on se cramponne, on s’acharne, on se fait surprendre de temps à autre par les légères ascensions que renferment les quelques titres rebondis rencontrés au hasard, de-ci de-là de cette plate vallée qu’est le King Of Limbs.

Ils nous tenaient pourtant suspendus au sommet d’une montagne d’excitation fantasmée depuis la sortie de In Rainbows il y a maintenant 3 ans et des brouettes. Même procédé : une ambiance secrète autour de la création de cet album produit (on le sait) par Nigel Godrich, un groupe très appliqué à faire planer le mystère sur la date (tant attendue) de l’avènement de leur progéniture, une sortie numérique prématurée suivie de loin par un coffret limité pré-réservable et jonché d’exclusivités, un discours engagé remettant en question les limites de la sur-promotion, le rapport intime au public, la place des majors et de la communication… Une très belle démarche, innovante (?), moderne et démocratisante… oui, mais la musique dans tout ça?

Radiohead, The King Of Limbs

Le « click » de ma souris (elle aussi très excitée) ne fera pas écho à la gâchette d’un Thom Yorke qui a visiblement laissé ses colts au placard. Bloom, titre d’ouverture, a pourtant l’air alléchant et on se réjouit d’avance de faire partie de ces privilégiés qui assisteront à l’éclosion du premier rejeton de la portée. Une jolie boucle de piano et quelques piaillements d’oiseaux plus tard, on se rend compte que l’entrée en matière est quand même un peu hostile. On avait pourtant ouvert grand la bouche. La rythmique schizophrène de Morning Mr.Magpie, aussi intéressante soit elle, ne fait décoller ni les talons ni les poils des avant-bras et tente de nous faire goûter à un gloubi-boulga dont la sauce ne prend pas, on restera cloué au sol terne des sentiers battus, à la hauteur adéquate pour admirer la silhouette singlesque de Little By Little. Petit à petit oui, et de manière timide, on entre (enfin, on est déjà presque à la moitié de l’album!) dans le royaume de ceux qui, il n’y a pas si longtemps, avançaient franchement par pas de 15. Un petit tour dans le bain de boue stagnante d’un Feral aux allures de dubstep rébarbatif et nous voilà remis des fortes doses d’émotion accumulées jusque-là, ouf ! Rien de tel qu’une bonne sieste, oui au sommeil réparateur ! D’accord mais encore faudrait-il avoir été un peu bousculé, fatigué, vidé… Le déhanché sismique du Thom Yorke de Lotus Flower (voir vidéo), les trop joliment insipides balades Codex et Give Up The Ghost n’y changeront rien si ce n’est un bon point de côté pour l’une et une larme amère pour les autres. Ce sont sur les beats plutôt funky martelés par les baguettes de Phil Selways que l’album s’éteint après avoir, non sans mal, ravivé les braises d’un Separator où l’on distingue un « wake me up » (le comble!) scandé par la voix spectrale de Thomas, clôture décente qui éveille l’espoir de voir apparaître 15 nouvelles tracks complètement folles sur l’édition du mois de mai.

Un album pas mauvais donc mais qui est aux oreilles ce que les menus du régime Dukan sont aux papilles : fade, ennuyeux, décevant. Les charmes cachés de The King Of Limbs doivent ils se digérer et opérer in limbo ou plutôt nous accompagner dans un processus d’amnésie volontaire ? Affaire à suivre…

Radiohead, The King Of Limbs : Lotus Flowers
Radiohead, The King Of Limbs : Lotus Flowers
Radiohead, The King Of Limbs : Lotus Flowers

1er single et clip officiel de The King Of Limbs, Lotus Flower réalisé par Garth Jennings (Right Here, Right Now des Fat Boy Slim ou encore Coffee And T.V de Blur) et chorégraphié par Wayne McGregor (Random Dance Company)

Plus d’infos :
www.thekingoflimbs.com

Les concerts de Radiohead :
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