Ce week-end nous étions à Rennes pour la 33ème édition des Trans Musicales. Aujourd’hui nous sommes contents et inutiles. Flashback…

Une fois de plus, les Trans ont su viser juste. Pour ma part, en plein front. Le festival, réputé pour être le défricheur des boulettes de demain comptait nombre d’invités encore méconnus pour figurer aux côtés d’autres déjà bien assis, au point de ne pas réussir à nous faire nous lever. Passons et concentrons-nous sur ce qui fait des Trans un tremplin de renom inévitable pour qui a l’oreille curieuse.

Vendredi, 21h. Premiers pas dans Parc Expo où nous sommes très chaleureusement accueillis par le set de Souleance (Soulist+Fulgeance) qui, on ne le sait pa sencore, donnera le ton au sejour. En 2min30, on a déjà fait 6 allers-retours, balancés entre soul, afro beat, disco, breakbeat, groove. Intimiste car programmé en ouverture, le set est pourtant dense, il ronronne et rassemble dans une atmosphère quais tropicale. We’re back on the funky track…

Souleance

Breton était certainement le groupe le plus attendu de ce vendredi. Un nom qui attise la curiosité, un son qui se veut un savant mélange d’électronica marbrée de hip hop obscur. Les premières notes annoncent un live aux structures de labyrinthe dans lesquelles on plonge les pouces et la tête en avant. Cela ne tiendra pas la longueur, les vocales rugueuses et déroutantes du lead masquent une charpente musicale pourtant aboutie et nous perdent assez vite sans nous donner grande envie de retrouver notre chemin.

Après une halte bien méritée à l’auberge Heineken, on reprend la route vers la Norvège où, à en croire l’émulsion qui se dégage du Hall 3, il fait bon vivre. Trois cordes ont crissé et c’est toute la foule qui est d’ores et déjà en émoi devant ces 12 types venus d’un autre temps qui viennent d’envahir le plateau. Au début on reste pantois, ne sachant pas trop où cela va nous mener, sûrement quelque part entre Supertramp et Culture Club, Tahiti Boy et les Talking Heads, les Stones ou Elvis Costello. Passés les a priori des premiers morceaux, on se rend compte que ce qu’on mettait sur le dos de compositions trop insprées pour être innovantes n’a pas lieu d’être. Kakkmaddaffaka a une identité bien particulière et une vraie envie de faire kiffer tout ce qui bouge alentour, de l’amateur de rock progressif aux accents soul en passant par l’inconditionnel de Beyonce, reprise avec brio sur le chiantissime titre Halo en une version qui mettrait presque la larme à l’oeil. Sauf que la larme c’est ce qui va suivre…

Kakkmaddaffaka

Je le crie haut et fort, la palme de cette édition 2011 revient de loin à Orchestra of Spheresqui a sauté dans le sublime à pieds joints et à provoqué chez moi un état d’extase auditif très peu rencontré jusqu’ici. Et de fait, jamais je n’avais assisté à un show plus expérimental et juste que celui ci, instruments et chants zarbis à l’appui. Un grand n’importe quoi qui ne peut pas aller dans la mauvaise direction tellement la mélopée magique diffusée sur scène vise juste. Du sexomousse, de la cora électrique, du charabia en apesanteur qui définit mieux que n’importe quel discours rationnel le point de symbiose entre un émetteur et un récepteur, une révélation.

Orchestra of Spheres

Afin de reprendre nos esprits, nous nous dirigeons vers la Hall 9 où se produit Hollie Cook qui n’a de sacré que son nom, une redescente express vers le profane qui peut être nous aura rendu service, no comment. Fâchés d’avoir expérimenté un contraste aussi brutal entre le meilleur et le pire, une seule solution s’offre à nous: l’ivresse. C’est donc vers l’espace vert qu’on se dirige en titubant avant d’être happés par cette curieuse boîte isolée mais bondée qu’est la Green Room Heineken. A ce moment précis, le set de Black Ham bat son plein dans la salle qui forcément ne désemplit pas, ne désemplira plus. De la sueur, des smiles, des cheveux fous, du feu, voilà ce que fabrique le DJ Rennais, magicien des platines, maîtrisant aussi bien le dub step que le ragga, le rock steady que la techno minimale. Nous voilà remis sur pieds, prêts à se laisser porter par Stuck In The Soundqui, bien que n’étant plus une révélation, surprend toujours autant par son énergie débauchée et contagieuse, son aisance à allier les bribes mélodiques les plus célestes aux riffs les plus incisifs et charnels. On attend avec impatience la sortie du prochain LP prévu pour Janvier dont nous avons eu un avant-goût ce soir.

Stuck In The Sound

Pour l’heure, on se la refait en musique:http://blog.rocktrotteur.com/2011/12/06/la-playlist-du-dredi-trans-2011/

 

Crédits Photos Jade Lohé