Il y a des surprises comme cela auxquels l’on ne s’attend pas. Rentré précocement d’un long week-end au soleil pour cause de rendez-vous d’“affaires” qui s’est finalement résumé à dix petites minutes d’intervention passive, j’étais bien loin d’imaginer recevoir ce mail dont l’objet était : “Fink ce soir”.
Il faut peut-être que vous sachiez quelque chose avant d’aller plus loin. Fink est, de tous ces artistes que j’ai beaucoup écoutés en 2009 et 2010, celui qui a sans aucun doute le plus tourné dans mes platines. Mon compte Last.fm remis à zéro depuis aurait pu, sans l’ombre d’un doute, en témoigner. Chez moi, au bureau, dans la rue, en me couchant, dans les transports et même en attendant qu’un concert commence, je suis complètement fan de son précédent opus “Sort of Revolution” et de ces différentes variantes “Sort Of Versions”, “See It All”, “Naked for Life (fan exclusie)”.
Alors voilà. Vous imaginez mon excitation lorsque j’ai appris que Fink s’apprêtait à sortir un nouvel album et celle encore plus forte lorsque j’ai eu cet album entre les mains… Une excitation pourtant très vite suivie d’une certaine déception. Ce n’était pas le Fink que je connaissais. Perfect Darkness est un bon album, mais il faisait preuve pour moi de trop d’impatience et d’une volonté peut-être trop conventionnelle de remplir les vides là ou Sort Of Revolution les faisait au contraire durer.
Il y a pourtant bien, sur Perfect Darkness, des titres ultraréussis comme “Perfect Darkness”, “Honesty” ou encore “Save It For Somebody Else”, mais je ne pouvais me détacher de cette sensation imperceptible.
C’était alors sans compter sur ce concert de mardi au café de la danse qui a suffi à m’apporter l’éclairage dont j’avais besoin pour apprécier l’album à sa juste valeur.
Donc. J’ai rarement ressenti une telle chaleur moite dans cette salle. Le concert affichait complet et les deux ventilateurs au plafond s’agitaient en un couinement de douleur qui en disait long. Le concert n’avait pas attaqué que nous ne discernions déjà plus les allées qui conduisent d’ordinaire aux places les plus élevées alors que les quelques retardataires sortis fumer essayaient avec difficulté de se frayer un chemin pour regagner leur place sans marcher sur quelqu’un. Ce n’est d’ailleurs pas Fink qui les en aida rétorquant aux cris des “Levez-vous” un timide, mais insistant “No, that’s fine. Sit. That’s cool.”. Je dois dire que c’est une chose plutôt rare et inédite qui pose de suite le cadre.
“On ne voit bien qu’avec le cœur. L’essentiel est invisible pour les yeux.” — Antoine de Saint-Exupéry
Avec Fink, on est là avant tout pour écouter et se laisser porter. Jamais l’on n’a autant envie de fermer les yeux pour ne garder du live que la musique et cette sensation forte d’être au plus proche de l’artiste. Écouter progresser les harmonies et se laisser pénétrer par les vibrations de la basse. Percevoir la sensibilité de l’artiste à travers les moindres nuances de son interprétation et ce, malgré les quelques photographes indélicats et surtout irrespectueux qui ne comprendront décidément jamais que le bruit du déclencheur devrait les inciter, voir les contraindre, à la retenue* dans ces instants où les notes semblent flotter entre lumière et pénombre. Entre l’artiste et son public.
* Vous comprendrez donc que je n’ai que très peu de photos à vous offrir…
Le reste est indescriptible, mais me permet de revenir sur Perfect Darkness et de conclure. J’ai ressenti chez Fink comme une volonté de s’ouvrir et de revenir aux essentiels à la fois. J’étais finalement passé à côté du fait que certains titres de cet album sont assez rock, d’autres clairement blues et d’autre encore folk. Ce que j’avais pris comme trop classique était finalement une volonté assumée de l’artiste qui nous propose avec cet album une lecture personnelle de ses influences. Bien sûr, cela n’efface pas les défauts de l’album qui restera pour moi en dessous de Sort Of Revolution, mais je salue cette volonté de renouvellement. Peut-être le trouverez-vous plus à votre gout. À vous de me dire…
Fink en tournée :
[concerts artiste= »fink »]