C’est au Bataclan que le trio électro-orgasmique de Midnight Juggernauts s’arrêtait mercredi soir dernier à l’occasion de la tournée post Crystal of Axis, leur deuxième album sorti dans nos bacs le mois dernier…

C’est à moitié congelée que je pénètre dans la salle mais avec l’ultime conviction, qu’une fois de plus, la soirée allait être enflammée… pari gagné…
Tahiti Boy and The Palmtree Family ouvrent le bal. Le jeune groupe parisien, emmené par David Sztanke et ses six acolytes ne mettra que 2 ou 3 minutes pour embraser le public et nous transformer en véritable feu de joie. Le lead singer,Tahiti Boy virtuose touche à tout, fait s’envoler les touches (justement !) de ses claviers (piano, orgues, fender rhodes) au rythme de vocales qui montent en même temps que nos pieds (qui sautent) et nos âmes (qui se cognent les unes aux autres) ! C’est une véritable montagne russe qui balance entre une excellente soul à la Motown puis rencontre les guitares et les bass lines de chez Elektra (on ne peut pas s’empêcher de penser à Arthur Lee, Jim Morisson ou les Phish de Trey Anastasio), qui vrille du côte d’un certain sous marin jaune, qui monte puis descend, frôle l’Electric Light d’un orchestre qui manie aussi bien le violoncelle que la flûte traversière, le scratch que le saxo, le rock que l’éléctro, la funk que la pop, le jazz que la folk, la scène que la fosse. Pendant une petit heure, la fanfare aux accents tribals (parfois) du mec de Tahiti et sa famille de palmiers se passent la balle, ça tourne au sein du groupe, comme une chorale jamais à bout de souffle qui ne redescend jamais complètement mais maintient en apesanteur une énergie et une sensibilité fragile lors de morceaux plus mélancoliques comme That Song ou Blood In Your Eyes (…)

Après avoir signé un excellent premier album (Good Children Go To Heavenen 2008, entouré de ses potes de Syd Matters, Hopper…) et deux EP (Brooklyn et 1973, 2009), cette fin d’année 2010 donne le jour au projet We Are The Lillies issu de la collaboration de la bande de David Sztanke et de Sergio Dias (guitariste de Os Mutantes). Un premier album éponyme est disponible depuis fin septembre avec des featurings aussi prestigieux que celui d’Iggy Pop…Un iguane, un tahitien super sympa, un géant du rock sixties tropicaliste brésilien: un vrai revival du Tropical Flower Power quoi!

C’est donc bien réchauffée et avec un enthousiasme boosté à bloc que je me prépare à l’expérience « raz de marée » des Juggernauts. La salle est chaude comme la braise, plongée dans une obscurité totale, les premiers échos de caisse claire retentissent comme un coup de tonnerre… Les ombres du trio apparaissent, il est temps pour moi de raccrocher le wagon et de me laisser hisser par les rythmes endiablés de cette intro plutôt dark… Here we go ! Lumière blanche épileptique, on distingue mieux le plateau. Les trois australiens, vêtus de cuirs noirs, boas noirs autour du cou, disposés telles des gargouilles plutôt sexy dans un triangle infernal nous ouvrent les portes des lymbes. Commence alors une chûte électro-grunge, bercée par la voix façon crooner du royaume des morts de Vincent Juggernaut (lead singer), tantôt sous terre, tantôt dans les cieux, l’écho guttural des claviers et de la batterie en trame de fond qui nous signalent que la foudre s’est abattue juste à nos pieds d’où part, justement, l’électricité enivrante des riffs de guitare. Passant de l’électro au disco, tour à tour l’ambiance se réchauffe et s’assombrit pour prendre des virages krautrock, on sent qu’on rentre à toute vitesse d’un cercle à l’autre, menés par ces trois dieux psychopompes qui au fur et à mesure du rite se sont complètement déchaînés.Chacun était resté à sa place une bonne partie du concert, s’excitant dans son coin pour finalement se mélanger, passant d’un instrument à l’autre, se rejoignant sur certaines vocales comme des petits chérubins un brin sataniques nous invitant dans un délire orgiaque à mesure que le dancefloor s’anime sur une basse et des claviers en transe. Une heure s’est écoulée, le groupe quitte la scène, c’est l’heure pour nous d’invoquer une nouvelle fois la force de ces mastodontes électroniques. Ils ne se font pas prier et reviennent mettre le feu pour le très attendu Road To Recovery, dans une ambiance rouge et chaude où tout est permis. Salle en délire, foule qui transpire, les plumes des boas se déchirent, pour le meilleur comme pour le pire…C’est fini, tout retombe et les lumières jaunes se remettent en marche. Il est temps pour moi de rejoindre la Terre complètement secouée par ce voyage underground (ou spatial?) avec encore quelques plumes collées à mes baskets.

Bien qu’un peu courte, l’expérience est réussie et valait le détour.

Une chose est sûre : la teuf chez Belzébuth c’est top-moumoute.

Si les accents new wave du groupe me plaisent moins, ils prennent une dimension totalement différente sur scène, se mêlant à d’autres influences assumées  et revendiquées (Can, Daft Punk et toute la French Touch, New Order, le Bowie de Low ou encore de Let’s Dance…). Pour ma part, la tournure que certains morceaux ont  pris ce soir là en live m’ont ramenée à d’autres groupes, à priori plus éloignés du travail des Midnight comme par exemple Zach de La Rocha et ses Rage à l’époque de, tiens c’est marrant, Evil Empire ! Bon, c’est peut-être un peu tiré par les cheveux, j’y consens, c’est le côté brut un peu noisy qui me pousse à dire ça…

Avec la sortie de leur deuxième opus Crystal of Axis, les Midnight Juggernauts confirment leur talent et marquent leur identité dans la nouvelle vague « rétro-futuriste » de notre temps. Après un premier Dystopia un peu propre à mon goût, on entre dans une ère plus rock, expérimentalo-crado, cosmique de surcroît…Un excellent live-band qui n’a pas fini de nous faire voyager sans réelles frontières spacio-temporelles.

Pour aller plus loin :
www.myspace.com/tahitiboyfamily
www.thirdsiderecords.net

www.midnightjuggernauts.com

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