Le retour très attendu de The Strokes en France c’était hier soir au Zénith de Paris. Mon coeur palpite puis s’impatiente, quasiment une heure s’est écoulée depuis la fin du dernier « morceau » de The Cribs, première partie des festivités. C’est pas bon signe, n’ayons pas le jugement trop hâtif et laissons nous faire. De toutes façons, ça ne peut qu’être génial. La salle se plonge enfin dans l’obscurité moite d’une fosse qui trépigne d’excitation et les premiers spots s’allument sur le plateau découvrant ainsi les armes de guerre du quintette, à l’étroit, encadrées de part et d’autre par de gigantesques parenthèses de toiles. Angles, dernier opus du groupe, s’apprête à faire ses preuves sur scène. J’ai hâte (voir The Strokes – Angles).
C’est en réalité un condensé de leur discographie que présentera le groupe ce soir. Aucun des albums ne prend le dessus sur un autre, on assiste à une cérémonie de retour semblable à une rétrospective diapo lors d’un évènement type mariage ou plutôt funérailles : une ouverture ritualisée, un petit coucou et « je vous aime » par ci par là, des morceaux attendus, c’est très beau, c’est bien fait, mais qu’est ce que c’est chiant ! Chacun a bien appris sa partition. Duels électriques carrés, son impeccable (Bravo le Zénith!), aucune note ne manque, tous les choeurs sont là. Rien de moins. Rien de plus.
Une fois l’excitation due à l’attente évanouie, on commence réellement à se demander ce qu’on fait là. Mon canap’ est plus confortable, ma stéréo crache bien et quand je fais le ménage ça pue moins chez moi. On aurait dû s’en douter. Tout était dit dans la scénographie : le groupe s’est fixé un cadre indestructible dans lequel il navigue, guidé de manière sûre par Julian Casablancas à la tour de contrôle (malgré un léger remaniement de la hiérarchisation créative au sein des membres). Rien ne doit dépasser, il faut être efficace pour rassasier un public d’adultes en mal de divertissements venus assister à cette party sans surprise et d’ados ayant eu, exceptionnellement, la permission de minuit. C’est ça le malheur. Comment un groupe aussi novateur, créatif, réactif, explosif, provocateur et talentueux que The Strokes est il capable d’être aussi sage sur un plateau ?
Oui, les clash Valensi/Hammond Jr sonnent déments. Oui, Casablancas a quand même la classe. Non, la prestation scénique du quintette n’est pas à la hauteur de son génie. Je me console avec mes cd qui, quand je ferme les yeux, me laissent entrevoir une palette bien plus colorée que le fade monochrome auditif de la nuit dernière.The End has an End.
J’avais eu la même impression quand je les avais vu il y pourtant déjà 5 ans, aux Eurockénnes. Parfait techniquement mais ennuyant. Comme le CD mais en un peu plus fort.