5 mecs, 5 ans et 5 écoutes plus tard… non j’déconne! Cinq années se sont tout de même écoulées depuis la sortie de First Impressions On Earth, 3e album de The Strokes. C’est vous dire si nous guettions l’arrivée de Angles dont la sortie a été à plusieurs reprises repoussée. Les interviews données par Julian Casablancas à la presse sont unanimes : l’enregistrement de l’album a été un enfer, les tensions entre les membres du groupe ayant parfois fait courir la rumeur d’une séparation définitive et la mise à mort du projet, de quoi provoquer un infarctus à toute une foule de fans trépignant d’impatience. Tout vient à point à qui sait attendre, l’album est disponible dès aujourd’hui au Royaume-Uni et est déjà en écoute sur le site officiel du groupe depuis quelques jours.
Lumière sur Angles, un album d’à peine une demi heure (décidément c’est dans l’mouv’ ou quoi?!) qui marque le retour fracassé, et malheureusement pas assez fracassant, du quintette New Yorkais. Malgré les couches de boucles additionnées au long du morceau, Machu Pichu dévoile une certaine transparence qui laisse à présager que merde, c’est mal parti. Mauvaise langue, après quelques écoutes, et si on se laisse porter jusqu’à la fin, le titre s’épaissit témoignant d’une certaine ouverture sur un chemin qui peut s’avérer être très intéressant.
Under Cover Of Darkness (voir vidéo) ne laisse plus de place aux doutes. Les premières notes d’intro de la guitare de Nick Valensi et leurs résonances tellement Strokes iraient même jusqu’à nous mettre la larme à l’oeil et la morve au nez si l’on ne sentait poindre, quelques mesures plus loin, le fumet d’un morceau un peu trop schématisé qui nous laisse sur notre faim. Un peu propre tout ça. On continue, et là c’est le drame! On savait que Julian Casablancas avait mis un peu d’eau dans son vin pour laisser la créativité de chacun s’exprimer mais de là à avoir fait appel aux services de David Gahan, tout de même! Les premières mesures de Two Kinds Of Happiness nous plongent en plein revival 80’s, on a l’impression d’avoir affaire à une compo de Depeche Mode et ça les gars, c’est vraiment dur…You’re So Right prête à confusion: plutôt électronisantes, la compo et les vocals sont très Yorkiennes, on pourrait presque se laisser berner et croire à un featuring si l’on n’écoute pas assez attentivement! Le groupe qui avait promis un retour aux sources nous emmène carrément valdinguer ailleurs et ce n’est pas toujours déplaisant. Taken For A fool est, selon moi, le titre central de par sa place au sein de l’album et de par sa qualité:on y retrouve tout ce qu’on aime chez les Strokes, la rythmique insistante et assumée d’Albert Hammond Jr faisant face aux mélodies subtiles de Nick Valensi le tout surplombé par le charisme vocal de Julian Casablancas et sa plume exacerbée. Les breaks sont audacieux et efficaces jusqu’au retour de…non! Faisons l’impasse sur Games et Metabolism qui s’apparentent à deux petites croûtes signées Matthew Bellamy et sa muse atrophiée, no comment. Call Me Back et ses notes de bossa est une errance poétique, simple et douce aux tonalités psyché qui aident à faire passer les hauts- le- coeur engendrés par les tracks précédentes tel un bon citrate de bétaïne. Gratisfaction renoue avec les principales influences du groupe (Television et une touche de Dylan notamment), se laisse écouter sans se poser trop de questions, apportant une note un peu plus pêchue avant de terminer sur Life Is Simple In The Moonlight, morceau de clôture à la partition connue, qui en quelques sortes reprend tout l’histoire du groupe sans y apporter grand chose de nouveau si ce n’est un brin de nostalgie. Certaines tentatives sont amorcées et très vite avortées, c’est dommage, on aimerait vraiment que ça aille plus loin.
À trop avoir voulu arrondir les angles, The Strokes livrent un album manquant assez cruellement de relief, révélateur en quelque sorte d’un égarement fragile (dû peut être aux « échecs » de leurs carrières solo respectives) et c’est finalement ça qui est beau. Un album décevant dans sa globalité, au potentiel mal exploité qui, on l’espère, prendra plus d’ampleur sur scène.