Du 9 au 13 Août 2011 se tenait la première édition du Festival Terraneo à Sibenik, Croatie et nous y étions! Météo et site parfaits pour la première édition de ce summer eco music festival qui, selon nous, a de l’avenir. Si la technique sonore et la logistique de cet ancien camp militaire reconverti en zone d’amusement artistique et sensibilisation à l’écologie ne sont pas totalement au point, nous avons pu tout de même apprécier quelques perfs de ce line-up assez chargé qui nous change un peu de la prog habituelle de nos must de l’été…
SUUNS se produisait le premier soir du festival pour mon plus grand plaisir et celui des quelques fanas qui erraient dans la fosse; nous ne le savions pas, mais nous allions bientôt être très nombreux, embarqués dans l’électricité orgasmique des SUUNS, qui resteront le meilleur live de cette édition. Petite scène pour petit groupe, complètement offerte aux fortes bourrasques de vent, Ben Shemie et sa horde prouvent qu’ils sont et resteront bien en place dès les premières notes de Arena, morceau d’ouverture en version extended d’une petite douzaine de minutes…hors d’oeuvres. Outre leurs compositions génialissimes, ce qu’on apprécie chez SUUNS c’est l’amour authentique des musiciens envers leurs instruments (qu’ils s’amusent à s’échanger tous les deux morceaux avec brio), stratégie parfaite pour toucher un auditeur en plein coeur et ne plus le lâcher. Au contraire, l’agriper, le cuisiner en le faisant passer des pires distorsions aux beats électro bien nets, le câliner en lui sussurant des bribes de mélodies à l’oreille, à peine audible souvent mais tellement bonnes, puis le faire sortir à nouveau de la torpeur à coups de grosse caisse dérangés. On passe, comme ça, d’une ambiance à une autre, on se balade à travers le squelette de Zeroes QC, hypnotisés par la guitare énervée de Joe Yarmush qu’on regrettera de ne pas entendre assez sur des morceaux comme Armed For Peace ou Gaze et infiltrés par la sensualité de la voix de Shemie qui pénètre nos orifices sans ouvrir tellement la bouche. C’est beau, c’est sexy, la foule est sens dessus dessous et lorsqu’ils quittent la scène, une espèce de rébellion se met en marche chez mes compatriotes qui en veulent plus, bien sûr. Oui mais voilà, Zeroes QC vient d’être visité dans ses recoins les plus lointains. Le groupe réapparaît tout de même pour nous envoyer une micro dose de jam addictive en guise d’adieu. Un bon gros goût de reviens-y. Merci.
Autre grosse attente de cette première édition pour mes petites oreilles impatientes, le show de Janelle Monaé, véritable black bombe du Kansas/USA et sa fanfare. Sur scène, ils ne sont pas moins de 15 et lorsque l’on parle de show on n’est loin de viser juste tellement le spectacle qui nous est offert dépasse toutes les attentes. L’amour de cette gigantesque colo musicale pour le cabaret et les performing arts de Broadway est flagrant dès l’introduction. Gibus, dress code, tout est orchestré (et d’une manière exquise) pour l’arrivée de Janelle, 1m55 banane incluse, 40 kilos de nerfs branchés groove et un organe désarmant. Après une longue intro électrique sur beats jazzy, la chaleur cuivrée monte crescendo, fait monter la température d’une dizaine de degrés jusqu’à ce que, cachée dans les choeurs, Janelle fasse surface comme catapultée et là, on en prend juste pleins les chicots pendant une heure et demi! Un punch et un plaisir faisant écho à la version moderne de la Motown des Jacksons Five (dont le groupe reprendra ABC à la sauce chilly) sauf qu’ils sont 15 et que tout est là! Et ce n’est qu’un écho parmi tant d’autres car les influences de la belle sont variées et assumées: Fritz Lang, Brown, Franklin, Harlem, zazous…J’ai rarement assisté à un show aussi chorégraphié avec une esthétique visuelle aussi intense sans jamais tomber dans la ringardise. Soul, Hip Hop, Rocksteady ou balade a cappella, ils visent tout simplement juste, ne se donnent aucune limite d’improvisation pour nous faire brailler ou au contraire nous faire taire, le tout ayant l’air d’être réglé comme du papier à musique. Personne ne fait la part belle à personne, ainsi la subtilité et la richesse de l’orchestration peuvent être appréciées à leur juste valeur et Dieu sait que la guitare de André 3000 (?!??) en vaut un paquet…Un live survitaminé, émouvant, chaleureux, aux compositions d’une finesse extrême et aux chorégraphies aiguisées, de quoi faire le plein de booty shake pour le reste de la nuit. On attend la suite de The ArchAndroid avec impatience.