Amis terriens ! Les plus fanatiques d’entre vous ont pu admirer hier soir à Bercy l’éclatante dentition de notre amie Lady Gaga, blanche, éblouissante et contrastant brillamment avec la très jolie robe jaune pipi de sa chevelure magique. Après plusieurs annulations dues aux mouvements sociaux, intempéries et autres éruptions eyjafjölliennes, la soucoupe Gaga a pu enfin se poser sur terre pour le plus grand bonheur ( ou très très grande déception des très très grands fans très très déçus…) de toute l’espèce (in)humaine ! Le spectacle commence devant le Palais Omnisport où l’on peut assister à un défilé de ces mêmes très très grands fans venus des 4 coins de l’univers, attifés au détail près, conformément à la garde robe de leur reine (paillettes et perruques jaune pipi inclus), et trépignant de tous leurs membres (absolument tous, j’insiste)… le show promet d’être chaud…
Gaga c’est juste n’importe quoi, un bordel « monstre » dans une perf réglée au détail près, un show à l’américaine qui rendrait la vue à Amadou et Mariam (le couple aveugle du mali) en les laissant pantois et, ma foi, c’est plutôt plaisant. En effet, nous sommes très loin d’un show dépouillé et intimiste auquel on assiste en tapant du pied, l’oeil à moitié fermé, en se laissant aller au gré de mélodies virtuosement complexes mais très près d’une représentation théâtralement burlesque où tout est plus ou moins permis et surtout assumé. De derrière un écran panoramique où s’enchaînent vidéos trashy et images subliminales, on aperçoit la silhouette très dessinée de la lady. Elle s’évapore pour mieux nous surprendre, nous offrant son postérieur couvert d’une ficelle en tissu pendant que ses doigts délicats, plongés dans le capot d’une vieille cadillac, font résonner les premiers accords de son dernier « hit » ( à ne pas confondre avec les 12 précédents, car c’est là que réside la difficulté intellectuelle du spectacle), en harmonie avec un backing band plutôt étonnant découvrant violon électrique, harpe et flûte ! Le spectacle est lancé, les danseurs affûtés, les chorés endiablées, la scène ravagée par les lumières et les entrées successives de nonnes obssédées, d’un pyrana-poulpe géant, d’un wagon de métro mobile, de paires de fesses, de paires de seins et du très attendu Ange Gabriel en personne qui aurait, comme qui dirait, quelques soucis gastriques. C’est un cabaret de freaks, fidèle au concept du Fame Monsters Ball Tour qui nous est donné à voir, ponctué (trop souvent au dire des très très grands fans très très déçus) par des interventions lyricalo-acrobatiques assez remarquables et par les sarcasmes souvent pertinents et témoignant d’un engagement politique sous jacent d’une Lady Gaga dotée d’un fort capital sympathie et d’un vrai charisme scénique. Plus que la « superficialité » de la pop star et que la prestation musicale (ben quoi? ça aurait pu être bien !), c’est avant tout la générosité, la capacité à être dans l’instant et à improviser naturellement et en toute liberté dans les entrailles d’un spectacle réglé comme du papier à musique que nous retiendrons du phénomène Lady Gaga.
C’est quand même bien fait !