Le nouvel album de Philippe Katerine qui vient d’alunir sur nos platines est de toute évidence la production la plus étrange et sujette à polémique de l’année. Ici, plusieurs camps s’opposent pour finalement dire la même chose : complètement délirant, horriblement génial, inutilement magistral, insupportablement vain… De par son ambivalence même, il se dit tout et son contraire sur cet album. Il est à la fois simple et complexe, enfantin et intellectuel. C’est, à mon sens, pour cela qu’il en est intéressant.

Philippe Katerine Nouvel Album

À la première écoute, vous aurez l’irrémédiable impression d’écouter un album un peu idiot, frisant avec l’humour à deux balles et le second degré. Ce n’est d’ailleurs pas complètement faux. C’est un disque à écouter et à chanter sous la douche ! Certains titres comme “Ha ha ha”, “Moustache” ou bien encore “Musique d’ordinateur” frôlent de très près le ridicule et sont dignes de certains gargarismes de salle de bain. Heureusement, d’autres comme “Parivélib’” ou “La Banane” rehaussent légèrement le niveau, mais l’on ne peut naturellement plus parler de la plume de Philippe Katerine, mais plus du stylo bic ou du crayon de couleur…

Pourtant, cette légèreté dans le texte est agréable. Les mélodies sont bien trouvées et la production délicieuse. Je vous souhaite, comme moi, d’entrer complètement dans ce délire premier degré et de vous surprendre vous-même à fredonner un “J’aime tes fesses” ou “Des bisous”…

Oui, mais après ? Après, c’est un des rares albums – sans doute le seul de Katerine – à s’approcher d’aussi près des thématiques de l’art contemporain (Ouhhh… le mot est lâché). Simplement parce que, ce qui compte au final dans cet album, n’est pas tant la musique qui est d’une simplicité déconcertante (encore faut-il savoir le faire…) que les textes qui ne rivalisent de toute évidence pas avec ceux des grandes références de la chanson française, mais bien ce rapport très intime qu’il noue entre l’artiste et l’œuvre.

Le sujet finalement, ce n’est plus l’œuvre, mais l’artiste lui-même. Un peu à la manière d’un ready-made de Marcel Duchamp, cet album — et ce n’est pas un hasard — a été écrit en une journée et aurait pu être toute autre chose. La musique d’ordinateur Windows 95 est un urinoir. Tout va bien…

Alors, oui, vu comme ça c’est un peu intellectuel et l’on ne parle plus trop de musique, mais plus de démarche artistique.
Et c’est ici que Philippe Katerine est très fort : son discourt n’est jamais intello et lui, ne donne pas non plus l’impression de se mouvoir dans une démarche très profonde. Il est un peu le troubadour qu’était Dali à son époque, lorsqu’il déclarait être « fou — du chocolat Lanvin ! ».

D’ailleurs, on ne s’est jamais autant interrogé sur le bon équilibre mental d’un chanteur qu’avec cet album. Se construit-il un personnage ? Est-il réellement naturel ? Comment expliquer de tels changements depuis ses premiers albums ?

Je dois vous avouer avoir eu la chance de passer un long moment en compagnie de Philippe Katerine, caressant l’espoir de pouvoir le prendre à son jeu, mais ce n’était que douce illusion. Le mystère restera donc complet et cet album ne nous aidera pas plus à percer les secrets de ce personnage fascinant. Il nous permet en revanche d’explorer un peu plus les recoins de son cerveau déluré et ceux — par la même occasion — du nôtre encore insoupçonnés.

Alors pourquoi faut-il aimer cet album de Philippe Katerine ? Bien simplement parce qu’il est bon pour la santé !

Philippe Katerine Basket

Pour aller plus loin avec Philippe Katerine :
Infos, liens, dates de concerts
katerine.artistes.universalmusic.fr
Le récit de la rencontre entre Philippe Katerine et Benjamin du blog Playlist Society et de Pauline du blog We Pop

Philippe Katerine en live :
[concerts artiste= »philippe-katerine »]