En 2008, The Dø débarquent sur la nouvelle scène parisienne pour droper une véritable bombe atomique, arme de séduction massive qu’un public de mélomanes affamés a englouti à pleine bouche sans en perdre une miette. L’excellent A Mouthful, premier album du duo franco- finnois, offre un véritable buffet de tracks à la dominante indie- pop-folk, relevées par la voix envoûtante d’Olivia Merilahti et recélant des merveilles de compositions rythmiques et mélodiques, le tout enveloppé dans une production d’une harmonie parfaite qui hissera le groupe n°1 des ventes en France en un temps record (cf. Le clip du lundi : the dø, On My shoulders).
Il y a quelques jours sortait le nouvel opus du duo, suivi de très près par deux shows programmés au Trianon, l’occasion pour nous de tester le potentiel scénique de Both Ways Jaws Open.
Très attendu, ce deuxième album est tout simplement une tuerie, une orgie auditive qui n’est pas prête de nous rassasier tant ses galeries créatives sont profondes et infinies. Dust It Off, introduction parfaite à la boucle enivrante opère comme un rite de passage obligé pour pénétrer dans les douces mâchoires de l’album, comme sur du satin. C’est simple, c’est doux, ça donne envie. Les premières mesures de Gonna Be Sick!, guitare-basse-batterie en tête, laissent apparaître un aspect un peu plus rugueux où le timbre de la belle Olivia s’enfonce dans les graves et rivalise avec des touches de xylo et de clochettes pour mieux vomir sur un refrain plus rock, explicite et efficace. Plus rond, plus soul, The Wicked And The Blind voit son apogée lyrique s’épanouir dans les ondes sensuelles des violons, aussitôt clashée par des cymbales assourdissantes. Retour au concret, dans son plus simple appareil Bohemian Dances, aux accents tribaux et au tempo sec, est un parfait médiateur conduisant à la rampe de lancement d’un Smash Them All (Night Visitors) qui ne manquera pas de nous envoyer sur la lune jouir de l’apesanteur que procure la harpe de Leo Leo. Flow sacadé et percus africanisantes, c’est avec Slippery Slope que nos pieds reviennent marteler la terre ferme, la tête toujours scotchée dans les stratosphères d’un chorus électro-inébriant. On retrouve les charmes déjà explorés via Playground Hustle dans la naïveté fragile de The Calendar, manège dissonant à la sauce ranch (mais en mieux!), on se laisser bercer et réchauffer par les cuivres de la très jolie Was It A Dream ? avant de faire une chute libre dans les abîmes de Quake, Mountain, Quake. Moon Mermaids cloture l’album avec la douceur d’une caresse envoûtante, légère comme une plume vaguant au gré d’un souffle tiède, accompagné par un fond de field recording qui laisse envisager un live sublime. En tout humilité.
Sur scène, la force de The Dø décuple. A travers l’artillerie lourde d’une armée de musiciens multi-instrumentistes surexcités, la voix magistrale d’Olivia Merilahti perce, gronde, arrondit, scande, se cristalise au gré des notes de basse endiablées de Dan Levy, maître incontournable de phrases mélodiques aux structures en perpetuelle recherche. On entre bien plus profondément dans l’alchimie qu’on avait déjà cernée en écoutant le studio. Les tracks les plus fertiles explosent enfin, tout se crée au fur et à mesure, à l’instant, en osmose, les deux mots d’ordre étant générosité et créativité. Même les morceaux les plus « plan-plan » arborent un autre visage, ainsi on assiste à une sublime version nudiste de On My Shoulder offrant une telle vulnérabilité qu’on en oublie l’aspect matraquant de son format type single. Il en va de même pour Too Insistent, réhaussé par un mur de cymbales à l’écho percutant et des riffs de gratte électrifiants. On pourrait grossièrement parler de maturité mais il me semble que ce qui prédomine est cette envie irrépressible de faire don de soi. Sur scène, The Do donnent du corps, tantôt bestial, tantôt sensuel, avec un toucher tel qu’on effleure une sorte d’extase, frissonnante presque orgasmique. Les morceaux (tous en version extended) s’enchaînent de manière tellement fluide et avec une telle énergie que tout repère spacio-temporel disparaît, on est tour à tour happés par les vagues à l’âme et les coups de gueules d’une sirène qui a fait de la scène son océan. Certainement la plus belle prestation vue depuis longtemps pour un album qui saura trouver sa place au sein des plus beaux projets musicaux de cette année 2011. À (re)découvrir de tout urgence.
Pour aller plus loin : thedo.info
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